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Anou-Elsa: Musique

Comme il fut dit précédemment, au sujet de la pièce théâtrale Anou-Elsa, une année fut consacrée à la rédaction de son manuscrit, une seconde à sa mise en scène, une troisième au travail du texte avec les deux jeunes actrices, et enfin la dernière, précédant les répétitions au Petit Théâtre de Sion, elle à la confection de la musique destinée soit à entrecouper les différentes scènes, soit à accompagner, en fond sonore les différentes répliques…

Ne voulant s’impliquer, en plus de tout le reste, dans la composition de cette musique, l’auteur en confia le soins à un de ses amis de vieille date Jacky Lagger, chanteur et créateur de chansons pour enfants.

Mais toujours derrière lui, à lui donner ses instructions et jusque rigoureuses directives. Contraignant cet artiste de nature assez fantasque à une discipline de fer. L’ayant obligé, avec contrôles, à lire le scénario entier, puis le reprendre, scène après scènes.

Il me faut, au début, un thème léger, très aérien, repris à de multiples reprises, sous formes de variations.

Deux thèmes différents pour les scènes de cauchemar ; celui concernant Anou, mystérieux, sombre et pesant ; pour celui d’Elsa, impliquant des séances de tortures, plus agressive, violente.

Celle du maquillage, à ambiance africaine, sur fond de tam-tam, obsédante.

Celle encore du concerto pour orchestre et machine à écrire….

: – Tu es sûr que tu veux bien ça ?

: – Mais oui, et comment! 

Repris à plusieurs reprises ; L’orchestre plus conséquent! plus alerte, vif !

Pour découvrir enfin une version moderne de la Marche, Turque de Wolfgang, sur laquelle il emmanche sa machine !!!

Pour la scène des grands magasins, celle commune à ce genre d’endroit, insipide, entêtante !

Ami ressorti enfin de ces séances, épuisé !

Mais auteur satisfait, pour ne dire comblé ; ayant réussi finalement à obtenir exactement ce qu’il envisageait dès le départ.

 

 

Pierre et la Martine

Pierre ? Un enfant prodige du piano. Connu avec beaucoup d’autres élèves eux ordinaires, suivant, tout comme l’auteur, les cours de classe professionnelle prodigués par Jean Perrin dit Luguet, au conservatoire de musique de Lausanne et de Sion.

Progressivement devenu un parmi ses meilleurs amis. Avec son inséparable compagne, Martine, elle jeune danseuse.

Partageant ensemble, en dehors des cours de piano, histoire de la musique, auditions et de nombreuses heures, entre autres, au coeur de la cambuse de l’auteur située dans les combles de la maison familiale de l’auteur, Rawyl 15 à Sion.

Pierre… capable non seulement de déchiffrer n’importe quelle sonate de Beethoven, mais cela pratiquement à la presque perfection.

Diplôme de piano à 14 ans ; de virtuosité à 16.Et enfin licence de concert à 17.

Assassiné par son entourage, y compris son propre père, âgé à peine d’une quarantaine d’années.

Le premier coup reçu, asséné par le directeur du Conservatoire lors d’une audition de fin d’année, en final de laquelle il interprétait une sonate de Mozart ; censé ne jouer que le premier mouvement ; sans attendre la fin des applaudissements enthousiastes des auditeurs présents, il enchaîne aussitôt avec les suivant. L’auteur remarquant la mine surprise et contrariée du directeur. Celui-ci terminé, pour amorcer aussitôt le dernier. Interrompu alors par ce même directeur, à la stupeur générale, qui se lève de sa chaise, gagne le piano dont il referme le couvercle sur les mains du jeune virtuose.

: -Pierre, mais qu’est-ce qui t’a pris ?

: – C’est mon père qui m’avait ordonné de jouer cette sonate en entier.

Deuxième coup encaissé, de retour de Berlin où se déroulait le congrès des jeunesses musicales européen ; dans le cadre duquel avait lieu un concours de jeunes talents qu’il remporte, au troisième rang.

: – Pierre ! C’est formidable !

Lui effondré ;

: – Mon père m’avait assuré que je ne pouvais que gagner le premier !

Troisième coup, après avoir suivi des cours de perfectionnement donné par Jean Micaud, professeur à Paris ; peu après, il décide alors de rejoindre celui-ci à Paris ; pour découvrir brutalement, parmi les nombreux élèves suivant ses cours, que la plupart d’entre eux lui sont égaux, sinon supérieurs !

A la place de tournées mondiales, en tant que soliste, contraint de s’engager comme professeur dans les classes supérieures professionnelles de Fribourg.

Le divorce d’avec Martine, par voie de conséquence, sans qu’il le sache, d’avec l’auteur à qui il avait fait l’honneur de le choisir comme témoin à son mariage, malgré sa vie recomposée avec une jeune de ses élèves, commence pour lui la lente chute aux enfers; par les voies de l’alcool, renvoyé de son poste, il se donne la mort.

Enterré à Fey, petit village au-dessus d’Aproz, origine de sa seconde femme; sur la tombe duquel l’auteur se rend souvent.

Et c’est au retour d’une de ces visites que l’auteur, avant juste d’amorcer le début de son nouveau romand Le Narguyleh qui lui est en partie dédié, consacré, entre autres, à une parodie des concours de piano, qu’il décide de consulter une des lettres prise au hasard de leur correspondance ; pour y lire, à son début, écrite depuis Paris ;

«  Rassures-toi, je ne t’écris pas d’outre tombe… »

Le document sonore qui va suivre est une pièce interprétée par Pierre, lors d’une de ses visites au Rawyl 15. Vécue par l’auteur en compagnie de sa petite sœur Martine… ne touchant pas le micro, comme Pierre l’en a priée avant de commencer,  mais incapable de ne pas chantonner sur la musique interprétée par lui…