Heel, est-il encore nécessaire de le rappeler, outre expulsé contre sa volonté à la vie, par erreur ou accident de la nature, ne s’est jamais considéré en tant qu’être humain, parmi tant d’autres ?!
Condamné ainsi à la subir, bon comme plutôt mal grès.
Ne faisant qu’y passer, ainsi que simple pèlerin dont voici le bâton, tout juste un instant déposé devant son atelier d’Aproz, l’espace juste d’un instant, pour lui permettre de souffler quelque peu…
Compagnon fidèle encore des ses premiers écrits, rédigés sur de petits carnets bleu d’écolier, sur les pages desquels il calligraphie ce qu’il appelle ses Carnets de Déroute…
Que l’on peut retrouver tout au long de son Kha-KAH ; plus précisément dans son ouvrage intitulé Genèse.
Du premier, sans doute là jusque au dernier de ses jours, sans l’ombre d’un regret, la plus infime hésitation, autre atermoiement, perpétuellement prêt à l’abandonner à son sort.
Retourner à ces lieux tout empreints de mystères, étrangers et lointains qu’il n’aurait dû jamais quitter…
Heel s’était laissé choir, pratiquement tout comme on déposerait un bilan négatif, jambes résolument tronquées, et cela jusque à ras de jointures ; étale ainsi de tout son long ; yeux perdus, égarés vers ces voûtes à la fois embrumées et vibrantes sous la chaleur accumulée de ces lustres rivés à leurs complexes entrelacs ;
Aele pareillement échue à ses proches côtés; noyée dans les plis d’une robe tunique largement déployée autours d’elle ; ample, lâche et fêle corolle d’une fleur livrée toute à son seul abandon ; Aele est là… toute alors de silence ;
Heel, conscient de ses regards quoique se voulant évasifs, le parcourant entier ; tissant, tout comme l’araignée sa toile, une solide, inextricable trame l’emprisonnant entier, proie livrée, prise au piège de ses multiples rets;
plus qu’attentif au proche sablier égrainant, impassible, le chapelet du temps…
Et c’est à l’un ou d’autres de ces indéfinis instants que lui parvient sa voix mais tout comme filtrée, en tout juste filet, par la pierre massive de ces murs… encore les successives couches de non moins massives boiseries infiniment lustrées;
: – Parles-moi, Heel! Enfin ! raconte-moi quelque chose; n’importe quoi, comme tu sais pourtant quoique trop rarement, selon mes goûts, le faire!
Mais lui plus que toujours profondément plombé en son propre silence ; fermement décidé à ne point le briser, qui s’imprègne tout ainsi que se fond aux quelques rares pans de murs de cambuse éventrée, offerte toute et les livrant toux deux aux courants d’air d’une nuit dense, ainsi que d’encre d’insondables dehors…
: – Heel! Non mais dis, tu as vu!?
Issues de cieux croulant sur eux, toutes étoiles soufflées, ainsi que mince croissant de lune, de brumes et brouillards automnales, immuable décor vécus jusque ici, de fines et progressivement plus dense particules se mettent à très doucement choir…
: Oh dis-moi ! Qu’est ce que c’est?…
: – Mais tout simplement, amour, de la neige !
Qui se fait progressivement lourde et dense, pour lentement les recouvrir tous deux de son manteau. Tous deux, ne le réalisant encore, à la suite de par tels incessants efforts pour parvenir, mais toujours en vain le briser, passés par delà une infime faille de l’infrangible Cercle !
Approche et enfin, après de telles interminables attentes, entrée d’Anouchka dans la vie de Geczky !
Sonnant l’heure du tout début réel de celle-ci !
Vie, jusque là, stagnante, tout comme maintenue en état de totale léthargie… Lui, de par son arrivée, pratiquement ainsi mis au monde concrètement par Aele !
C’était à l’époque durant laquelle Heel parvenait encore, tout au long de ses terres Anastasiennes, à courir… correspondant ainsi à une période pas mal reculée, dans le temps !
Juste à l’arrivée prochaine d’un nouvel hivers de plus.
Faisant alors trois fois le tour complet de celles-ci.
Et c’est précisément au troisième de ceux-ci qu’il découvre, plantée dans le tronc de l’arbre à l’écureuil, place de la Rédemption ; alors qu’une première neige commençait à tomber, dès le premier de ces tours ;
ainsi, au troisième, ayant recouvert le sol d’une couche déjà assez conséquente.
Interrompu dans sa course par l’irruption inhabituelle de cette arme, il s’avance jusque au tronc de cet arbre pour tenter de l’en extraire ; parvenu à ses fins, mais seulement après bien des efforts, tant elle était plantée profondément en lui !
En étudiant tout le décor autours de lui, de par sa position, étant donné ce tapis de neige uniforme, ne reflétant que la seule trace de ses pas, arme ne pouvant avoir été lancée que de la berge ; mais, à cet endroit précis, interdite par un dense amas impénétrable de buissons ! D’où l’impossibilité d’une telle chose !
Arme, dés lors, s’exclameraient la foule, se trouvant plantée dans ce tronc dés avant la chute de cette neige, et que le coureur n’a pas découverte alors !?
Heel clamant la chose, étant donné toutes ses attentions portées toujours sur le décor alentour, absolument impossible.
Détenant seul la réponse à cet apparent mystère ; au souvenir du point final venu, juste auparavant conclure sa pièce de théâtre Anou-Elsa ; dans laquelle il était question des tortures infligées à l’une de ses deux héroïnes durant ses heures de sommeil ! Et dont elle conserve les traces vives et sanglantes, à son réveil !
Ainsi, Signe de plus, venu s’ajouter à tant d’autres déjà, ayant ponctué régulièrement sa création littéraire.
Profondément immergés dans les eaux du grand fleuve Anastase, durant la majeure partie de l’année ; pour n’apparaître qu’au coeur de l’hiver, à ces seuls instants où elles se trouvent au plus bas, Heel, ne peut manquer, à chacun de ses passages sur ses rives, d’interrompre ses pas, à ce lieu très précis, afin de prêter à leurs chants une oreille des plus attentive ;
avant, quoique toujours à regrets, de reprendre leur cours… longuement retourné sur eux, pour les regarder lentement disparaître au loin…
Jamais ne manquant de s’exclamer, tout comme affrontant des foules, du haut d’une tribune, solidement campé et superbement péremptoire ;
: – Qui n’a jamais ouï le chant là si caractéristique de l ‘Hypoblokus, seul, en compagnie de l’Anakhonda, serpent de mer, ici de fleuve, en faisant la totale longueur… gîtant en ces eaux du grand fleuve Anastase, n’aura jamais vécu, malheureux, le tout mais alors alors tronqué de sa telle, ainsi, misérable vie !