Extrait de Marines: Ne sauras jamais…

Marines :

…ne sauras jamais;

mais comment pourrais-tu, aux sables, pris, de ces rivages là plus que souvenirs de quelque écornée, creuse image, ne fut ce que concevoir les voltes, gires d’une chute sans fin, qui déferlent, me gagnent ; vertiges n’emportant en leurs ivres déroutes, là plus que disloqué pantin?

Nausées molles épandues au creuset dit de l’âme ; ou brouet de lambeaux aux ébris de survie?

Chute gentiment ponctuée, sur des airs de comptines, de rebonds dérisoires en suspenses altières, programmées provisoires ; car rechutes toujours, comme autant de ces pages, en de gouffres fendus, désespérément vierges, éclatés sous ces pas, que déflorent mais déjà tant de traces… ouverts à ces néants prétendus domestiques, consommées à la carte ainsi que sur le pouce.

La chambre toute est vide ; ne compte les silences, que se renvoient, en miroirs, tant d’échos; pas trace mais ne fut ce de l’araignée d’un soir, prise à sa propre toile?

Plus que faire ; épouser gestes, faits, pour autant qu’il en eut, du dormeur ; mais sans les rêves qui l’habitent, bouillonnent, on le sait, juste à fleur de paupière;

Va vient, fébrilement s’active une main mécanique, sur le papier déteint, lancée à la poursuite vaine de si problématiques souvenirs.

Plus que ces cheveux lents, algues de plages parcourues, de ces passions dissoutes ; qui sait, en guise ici d’ultime piège;

Combien pour ce verre d’eau? A mes pieds, renversé; brassée de perles molles, d’autre collier rompu.

Décor: A meubler selon ses propres soins, évasives envies…

Lampe, mais à n’allumer point, surtout!

Table, plus rase que ces marbres de dalles mortuaires; à donc ne rien écrire qui déjà ne le fut déjà;

Lit à ne que dormir mais plus que ne le sied à nos doctes décences; comme enfin corps jeté sur un dos de fauteuil, en guise de pelisse; une fois de trop, assurément, à ne plus endosser, pour de prochaines fêtes? Désormais sans usage.

Etoiles, prétendent à tue voix de par trop fortes têtes, épinglées sur des cieux dépourvus de tout mode d’emploi; exsangues jusque au suif d’une extrême moelle, aux passages évasifs de vampires pèlerins.

Baillant tiroirs ; en guise de miroir, autres pièges sournois, à de distraites alouettes, grinçantes oubliettes; où tout fut déjeté, présents, futurs comme passés par dessus bord.

Agrès comme méticuleux apprêts de si proches naufrages, où corps et biens, âmes s’essayent aux rythmes de la nage; à ces bains dits marins, se gaver de nuages, voyages troubles, indécis ; pris aux bancs de poissons argentins, bien au-delà de tout songe à qualifier encore de quelque peu humain

: – Epave à l’horizon?

Rire mais sans cause, vous prie de la croire, la mutine vigie ; plus que but avoué; proscrire à tout jamais ces bris de lèvres gerces, moulées aux mots éteints, fondus; aussitôt que donnée, la parole perdue, en pâture aux requins; aussitôt bue, pongée par le silence; d’où l’eau s’échappe, fuit filet de fade sang, ou pas plus que lait rance, de sablier gisant; mis encore à moisir en un coin éculé de fenêtre;

naître à la lumière; air de n’en avoir point, de l’enfant pris en faute mais de seule orthographe ; alors qu’il ne fait rien, et cela à jamais ; mort déjà tant de fois; que n’en tenant plus compte.

Naïve parodie de main tendue vers le soleil, six pieds déjà sous mers, avant de disparaître, ne laissant derrière elle, que vague et maigre tourbillon ; valse de morne feuille, plus que bulle, son râle ;

mirages de couleurs aux extrêmes pastels;

airs salins; en suspends, horizons, mais en vue de rinçage? Chaque geste, enfin, désamorcé de sa fonction finale.

brouillard

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