Aele nage, à son rythme, son souffle, tout comme alors au coeur ici de son élément le plus naturel; fendant l’ensemble de ces eaux lourdes qui l’entourent, étroitement l’enferment, la submergent parfois, orageuses, rétives; emportée mais alors tout comme malgré elle en une brasse aussi fluide que l’onde qu’elle pourfend…
Eaux mouchetées encore de bulle grasses, tout comme savonneuses, venues crever à la surface avec un bruit, plus vague bris de pétard mouillé; zeste, si l’on peut rire, de feux, vantés par Thu, de tous les artifices que le siècle n’eut encore jamais vécu, jusque là;
Aele nage, toujours, plus que jamais, emportée tout droit devant elle… attentive, farouche, obstinée, seulement, avant tout, au délié comme encore à la grâce du geste; dans un silence maintenant absolu; loin de ces foules submergées, sûrement englouties, sans distinction pour femmes, enfants, jusque vieillards… insensible à ces cris gorgés parfois de tasses, pris de quintes, tranchement étouffés, de cet ahuri d’Heel qui l’appelle, tantôt sur sa gauche, ou sa droite, en son dos;
: – Aele! Elle? Je t’en prie, te le crie, attends moi!
Aele toujours nage toujours, portée toute au devant, insensible à tout ce qui n’est d’elle… Tout comme Heel la suit; fort essoufflé, le tente;
: – Aele, Elle ! Mais n’entends-tu que je te hèle ?! Hurle-t-Heel à tout fendre; et c’est alors, brusquement, un relent de vase extraite tout comme des bas fonds, bien plus profonds abysses de ces eaux, qui l’atteint de plein fouet; marécages et terres, sables et boues comme vases enfin ici remontées, enfouies depuis des lustres, jusqu’à ras de surfaces…
Aele prise depuis longtemps déjà en ces mêmes remous; comme soulevée par eux…
Heel, toute Aele oubliée, atteint directement par un impact enfin solide, et qui s’en vient atteindre juste à son entre-jambes! Le mufle d’un requin, agrémenté de tous ses croc ?! Voire aiguillon venimeux d’une raie? Le poinçon meurtrier de quelque poisson scie ou faux, comme encore marteau?
Heel palpe cette chose qui monte jusqu’à lui, en tâte l’amalgame fait tout d’abord de fer; une hampe, dirait-on, semblable à ces mats au long desquels on hisse bannières et drapeaux; l’amorce ensuite d’un cône, tout d’abord effilé, peu à peu s’évasant, des plus étrangement, composé étrangement, en ces lieux aquatiques, de bardeaux et autres tuiles rondes; cône qui sûrement se dessine, s’affirme, tout comme émerge enfin, Helle soulevé par une masse, agrippé à tout ce qui s’offre à lui, en guise de quelque plus ou moins possible prise… lorsque lui parvient enfin un cri d’Aele ; apparue à la fenêtre d’un donjon voisin;
: – Hell ! Espèce de grand niais ! Mais qu’est-ce que tu fous là-haut?
Que veut-elle dire par ce là-haut? Et c’est alors seulement qu’il songe à jeter un regard au-dessous, étouffant un grand cri à la découverte du donjon à la pointe la plus extrême il se trouve fiévreusement arrimé, avec l’ensemble monstrueux de tout l’ensemble du Château !!! Tandis qu’elle poursuit, lui hurlant de plus bêle ;
: – Mais te voilà franc fol ! Veux-tu bien, et des plus promptement me redescendre de tout ça!!!
:- Impossible, mon irascible et par trop exigeant t’amour! Incapable désormais du plus infime geste ! Tu le sais pourtant bien; victime du plus incoercible des vertiges !…
Aele et Heel: