Jehane: Avant dernier roman de l’auteur:

Elle fixe froidement ce soleil sur le point de s’assoupir tout à fait, pâlement anémique, tapis déjà sous les dreudons de cotonneuses brumes; plus que fade et flasque boule encore un peu gauchement en suspend, au plus ras d’horizon; capable cependant, de ses rayons, leurs éclats, d’aveugler tout impudent dévisageant sa proche agonie avec trop d’insistance.

Cette jeune et vive adolescente, cependant, sans ne ciller le moins du monde, s’y emploie sans ciller; l’oeil froid, de marbre et bronze vipérin, d’un bleu pratiquement liquide; solidement campée, sur les rives de ce torrent aux flots grondant, échappé des neiges et glaces alentours; en harmonie plus que parfaite avec l’ensemble entier du décor ambiant, en faisant intégralement partie, façonné tout comme elle, et taillé tout comme à coups de serpe, hache, machette et burin; et provoquant cet astre comme le défiant, qui sait, jusque en duel !

Pour l’abandonner finalement à son triste sort, comme proche agonie; ses pieds encore bottés haut de cuir fin le plus noir et lustré; campée à même feuilles, glaces et neiges plus fermes, circonscrites autours, avec toujours les eaux grondantes, ponctuées de glaçons.

Déjà sa main nerveuse venue jouer avec le fourreau d’une dague qu’elle porte à son côté, comme prolongement direct et des plus naturel d’une hanche surmontant une taille des plus finement déliée; telle qu’un héros légendaire de western, plus rapide que son ombre à la dégainer, comme plantée jusque à sa garde au coeur de tout intrus l’approchant de trop près, que ne frapperait tout cobra parmi les plus vénéneusement aguerri.

Tandis que sourd, tout juste perceptible à son oreille mais des plus affûtée, échappé de plus extrêmes et repoussés lointains, la plainte rauque d’un cor de chasse à courre… sans que rien n’eut pu trahir le plus infime mouvement de sa part, les eaux torturées de ce torrent rageur venues bientôt ourler le cuir de ses cuissardes, ourlées de mousses;

un long instant, adolescente hiératiquement, avec le temps, figée… Puis tout comme sans y penser vraiment, qui se défait du baudrier qui lui ceignait la taille, rejeter l’arme et son fourreau; pour poursuivre, par sa casaque, cuissardes et pantalon moulant; giflée, nue désormais toute… façonnée de marbre et d’acier; finalement se défaire de l’amas d’armes et de vêtements dont elle n’a plus que faire, abandonnés en vrac sur la rive;

avant de s’ébrouer mais des plus fugitivement, plonger toute et disparaître enfin entière sous les flots effrénés et rageurs, pour brusquement engloutie au coeur de leurs sauvages tourbillons, sous glaces et congères, écumes et remous;

rendant aux paysages immédiats comme encore repoussés au plus loin, aux apparences d’infrangibles confirmées d’invulnérable,  inaccessible virginité; son originel silence.

Jehane au médaillon:

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